• La minijupe fête ses 45 ans dans la sérénité

    La minijupe fête ses 45 ans. Si elle fit scandale à ses débuts, elle a su s’imposer et survivre aux aléas du temps et de la mode.

    Décriée, huée, parfois illégale, provocatrice, étendard du féminisme et objet de fantasme masculin, la minijupe fêtera bientôt son 45e anniversaire. Elle continue d’habiller les femmes et de révéler leurs jambes.

    On doit sa naissance à la jeune couturière anglaise Mary Quant. Elle porta la première « mini skirt » au début des années 60, ainsi baptisée en référence à sa voiture préférée. Si Suzanne Lenglen, joueuse de tennis, affichait déjà une jupe au-dessus du genou pendant les Jeux olympiques d’été de 1920 et si les années 1950 ont vu la jupe se raccourcir, la règle de 10 cm sous les fesses reste une révolution. Inaugurée par l’entourage de Mary Quant, la minijupe séduit peu à peu des célébrités, à l’instar du mannequin Twiggy. L’Hexagone la découvre dans la collection printemps-été 1965 du célèbre couturier André Courrèges qui avait lancé sa propre maison quatre ans plus tôt. Elle est aussitôt adoptée par les stars de l’époque : Françoise Hardy, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, vite imitées par une grande partie des jeunes Françaises. En 1966, 200.000 minijupes ont déjà été vendues en France.

    La grande controverse

    Malheureusement, quand les genoux prennent l’air, cela suscite quelques colères. Les parents y voient provocation et indécence. Les adolescentes y trouvent une forme de liberté et d’affirmation de leur féminité. Divers scandales opposent pro et anti-mini. Noëlle Noblecourt, présentatrice de l’émission Télé Dimanche sur l’ORTF, en fait les frais dès 1964. Elle est licenciée pour avoir découvert ses genoux sur le petit écran. En 1967, à la suite de 18 arrestations pour agression, le préfet de police de Paris s’adresse aux jeunes femmes : « Ne tentez pas le diable par votre tenue vestimentaire. » Cinq ans plus tard, sœur Fiorella, chargée de refouler les minijupes à l’entrée de la basilique Saint-Pierre de Rome fait une dépression nerveuse. Elle reconduisait chaque jour plus de  2.000 touristes.

    La minijupe s’inscrit dans le mouvement féministe entamé dès la fin des années 60. Reléguée au second plan par les jupes hippies des seventies, elle fait un grand retour, portée par des personnalités en vue dans les années 80 : le top-modèle Cindy Crawford ou la chanteuse Stéphanie de Monaco. Aujourd’hui elle a sa place dans toutes les garde-robes mais a perdu sa dimension symbolique et revendicatrice.

    “C’est la fonction qui fait le vêtement”

    Coqueline Courrèges, directrice de la maison de couture Courrèges, épouse de son fondateur André Courrèges, revient pour France-Soir sur les origines de la minijupe.

    « Qu’est-ce qu’un futur grand couturier ? En 1952 c’est un homme marié dont la femme porte talons hauts, jupe longue et serrée, une constante représentation qui ne peut pas faire grand-chose de son corps. Dans les années 1960 la femme a changé, elle est une mère de famille qui travaille, conduit une voiture et voyage en avion. La véritable révolution vient de l’ensemble pantalon qui apparaît en 1962, épouse pour la première fois la morphologie des jambes et ne gêne pas la pliure du genou. En un sens c’est de la tunique-pantalon que vient la minijupe. Et elle-même est née de la disparition des corsets et des soutiens-gorge. Le raccourcissement vient donc par les épaules… Car à la tunique succèdent les robes trapèze, à bretelles ou manches courtes. L’arrivée des collants permet de libérer encore les jambes et de passer au-dessus du genou sans peur de laisser voir porte-jarretelles ou petite culotte.

    C’est parce que Courrèges a compris que l’esthétique ne peut être distinguée de la dimension pratique du vêtement qu’il a créé des ensembles pantalon et des minijupes. Et c’est précisément de là que vient son succès. La plupart des autres couturiers ne raisonnaient pas alors en termes de fonctionnalité. Il faut remettre la couture dans un contexte plus général pour en comprendre les évolutions. Chaque vêtement est lié à une fonction, une culture, un pays, un âge ; une femme vivante en somme. »

    « Le collant qui monte, qui monte...Comment porter les collants de couleur ? »
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