• (Photos) Philippe Chevallier

    Pourquoi le collant ?

    Les obsessions ou les fantasmes propres à chacun veulent se faire jour chez l’ artiste dans un souci de reconnaissance, afin de donner à ce qui semble unique le sceau de la légitimité décerné par le plus grand nombre. En cherchant à être compris, l’artiste veut montrer qu’il est comme tout le monde puisque finalement tout le monde pense comme lui.

    Or le collant comme fétiche n’est pas dans la catégorie des plus connus et reconnus ; au contraire il est largement déprécié, considéré comme un antidote à l’amour aux yeux de ceux qui font des bas, des porte-jarretelles et du corset l’objet d’une idolâtrie incontestée. Mon travail cherche à montrer au contraire qu’il est le vêtement érotique par excellence puisqu’il est la seconde peau qui épouse parfaitement la ligne et le galbe du sujet, le rendant lisse, immaculé, sans la moindre aspérité, comme le serait un cercle parfaitement rond.

    Cette perfection plastique qui se détache nettement dans l’espace comme si elle n’y appartenait pas, ce corps qui est limité par le collant qui l’enferme sans qu’aucune chair ne dépasse a pour moi deux sources d’excitation :
    - La première est d’ordre esthétique puisqu’elle représente la pureté du trait qui annihile tout défaut ;
    - La seconde est plus dionysiaque car l’emprisonnement de la chair qui vit sous ce fétiche rend celui-ci plus intime avec la « chose » collée, c’est-à-dire la jambe, la fesse ou le sexe ; la matière vivante laissera une empreinte sur le tissu synthétique.
    D’autre part, pendant qu’il est collé à l’individu qui le porte, le collant lui renvoie en permanence la sensation de son propre corps, de manière auto-érotique, par une sorte de macération thermique qui exacerbe la pulsion du sexe d’autant qu’il est prisonnier. Cette oppression physique entraîne une rétention du désir chez l’homme comme chez la femme ; cette retenue est toujours la source d’un imaginaire sexuel infini.

    J’ajouterai que le côté sériel de mon activité tient à la recherche obsessionnelle de l’image qui reproduise parfaitement ce que j’ai observé pendant ma séance de travail et qui correspond le mieux possible à mon idée du Paradis.

    En ce qui concerne ma méthode de travail :

    La photographie m’a paru le moyen le plus direct, que l’image soit figurative ou abstraite, explicite ou ambiguë, pour dévoiler mon imaginaire érotique.
    N’étant pas photographe de formation, l’avantage pour moi d’utiliser le polaroid et le numérique était d’avoir un rendu immédiat, ce qui est une aide précieuse pour l’élaboration de la lumière notamment.
    Je ne recadre jamais mes photos après la prise, ni ne les « arrange » sur l’ordinateur pour sacrifier à je ne sais quel critère esthétique du moment ; je veux simplement montrer ce que j’ai vu d’après une mise en scène que j’ai choisie. Seule la réalité tangible et palpable de l’instant vécu m’intéresse.

    Je dois cependant à ma fausse modestie naturelle de vous avouer qu’à mon avis ce n’est pas le photographe qui « fait » la photo : c’est l’appareil ! ce qui donne à cet art une dimension toute particulière.

    Philippe Chevallier 

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    « À chaque humeur son collantAutun : Le collant ne file pas à Autun »
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