• Contre l’obsolescence programmée

    Après des mois de recherche, Inès Saadallah et Axel Delannoy commencent la commercialisation de Cygnes, marque française de collants qui peuvent être mis « plusieurs dizaines de fois ». 

    Inès Saadallah a eu le déclic en mars 2020, deux semaines avant le confinement. Consultante dans un cabinet de conseil à Paris, la jeune femme se retrouve à Reims pour une soirée karaoké avec les « huit femmes de sa vie » : sa maman, ses sœurs, ses tantes et sa grand-mère. Il y a autant de femmes que de collants et deux de ces derniers sont filés ce soir-là. Dans la voiture qui la ramène à Paris le lendemain, les yeux sur son collant également ajouré, Inès se remémore un documentaire vu sur Arte dix auparavant. Il lui avait fait prendre conscience de l’obsolescence programmée qui, entre autres, expliquerait pourquoi l’accessoire censé habiller les jambes de la femme moderne a une espérance de vie aussi limitée.

    “On veut que les femmes puissent avoir des collants sur lesquels elles peuvent compter”

    Un an et demi après ce moment, Inès lance, avec Axel Delannoy, rencontré sur les bancs d’une école de commerce à Marseille, une campagne de financement participatif pour vendre les 100 premiers exemplaires de Cygnes, « les collants les plus résistants fabriqués en France ». L’objectif est simple : «  On veut que les femmes puissent avoir des collants sur lesquels elles peuvent compter, quels que soient leur activité et leur style de vie », précise Inès.

    Le prix de lancement est de 39 euros la paire. C’est plus cher à l’achat qu’un collant proposé dans les rayons de la grande distribution. Mais le coût d’usage peut être plus économique. Testés par une soixantaine de femmes, les collants Cygnes peuvent en effet être utilisés « plusieurs dizaines de fois ». L’idée est donc que cette mode durable soit accessible au plus grand nombre. Le premier modèle sera un collant de « 40 deniers noir avec une couvrance moyenne », ce qui correspondrait à ce qui est le plus vendu.

    La résistance d’un collant dépend de beaucoup de paramètres, comme la technique avec laquelle il a été tricoté et la qualité du fil. Les grands faiseurs sont d’ailleurs soupçonnés de choisir des fils suffisamment fragiles pour que les femmes achètent plus souvent des collants… Cygnes a pris le parti inverse : fidéliser une clientèle grâce à des produits qui durent plus longtemps, et cerise sur le gâteau, qui soient écolos. Le collant jetable devient rapidement un déchet et donc leur dispensable multiplication pose des problèmes pour l’environnement. Cygnes s’est développée dans un premier temps grâce aux fonds propres de ses deux fondateurs. Les précommandes, assurées grâce au financement participatif, permettront de lancer le début de la production. Le duo d’entrepreneurs a-t-il sollicité des aides publiques ? Non. « Toutes les personnes que nous avons contactées nous ont fait des retours très positifs mais les dossiers prennent beaucoup de temps à préparer, nous avons préféré nous concentrer sur le développement de notre entreprise », précise Axel.

    Cygnes fait partie de ces jeunes entreprises du textile, comme Asphalte, qui se développent grâce à des campagnes de communication sur les réseaux sociaux. Elles mettent en scène leurs créateurs qui incarnent leurs produits et cimentent des communautés de fans. La distribution se fera donc dans un premier temps par Internet mais les entrepreneurs envisagent également une vente en magasins physiques.

    « Anna LewandowskaExiste-t-il des collants à toute épreuve ? »
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